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Bien-être et santé environnementale: un pari gagnant pour une performance pérenne au bureau

Coworkers

La guerre des talents et la récente crise sanitaire ont poussé les entreprises à mettre plus que jamais le bien-être et la santé de leurs collaborateurs au premier plan, à réinterroger leurs modes de travail et à repenser leurs bureaux. Dans ce contexte, de nombreuses recherches1 soutiennent le rôle majeur des qualités physiques du bâtiment sur le bien-être, la santé et la performance des occupants. Nous accumulons chaque année plus de connaissances sur les bienfaits physiologiques et psychologiques d’un accès suffisant à la lumière naturelle, d’une vue vers la nature, d’une qualité d’air maîtrisée2, et d’un bon confort acoustique3 et thermique4.

Mais en pratique, qu’en pensent les salariés «sur le terrain» ? Quelles sont les attentes réelles en matière de qualité de vie au travail (QVT) ? Quelle est l’importance accordée à la santé environnementale ? Valorisent-ils aussi les services dédiés au bien-être et à la santé? Et dans quelle mesure cela influence-t-il leur bien-être et leur productivité au travail ? Enfin, ces attentes sont-elles satisfaites à ce jour ?

Les études qui ont tenté de répondre à quelques-unes de ces questions mettent en lumière un fossé entre les attentes des salariés et l’offre de bureau actuelle. Pour confirmer cette tendance et enrichir notre compréhension du sujet, nous avons sollicité la société de conseil en immobilier d’entreprise JLL.

Méthodologie 

L’étude menée par JLL porte sur la qualité de la lumière (naturelle et artificielle), les vues et les espaces verts, la température, l’acoustique, la qualité d’air, ainsi que les services pour une bonne hygiène de vie. Elle analyse l’importance accordée à ces facteurs du point de vue des salariés de bureau, ainsi que leur niveau de satisfaction.Ces facteurs sont également corrélés avec le bien-être et la productivité perçue. 

L’étude se base sur des données récoltées auprès d’un panel de plus de 68000 salariés, répartis sur 50 pays. Une analyse par genre, par tranche d’âge et par régions est également établie. L’évolution sur les 7 dernières années est aussi regardée. 

Résultats principaux:

1) L’environnement de travail au bureau peut être amélioré:

  • Les employés accordent une réelle importance à la qualité de l’air et de la lumière, au confort thermique, à l’absence de nuisance acoustique, aux vues vers l’extérieur et aux espaces verts. Ils valorisent également les services dédiés au bien-être et à la santé.
  • Leurs attentes ne sont pourtant pas complètement satisfaites, en particulier vis-à-vis de l’acoustique et de la température. 

Ces résultats mettent en évidence un potentiel d’amélioration de l’environnement de travail afin de répondre pleinement aux attentes des salariés.

Smart glass benefits information diagram.

Importance vs. Satisfaction vis-à-vis de la qualité de l’environnement intérieur et des services de bien-être et santé dans les bureaux selon le point de vue des salariés. Le score HX est également indiqué pour chacun des indicateurs. (Source: JLL.) .5

2) Une évolution positive dans le temps mais insuffisante:

La comparaison des données sur les 7 dernières années montre une évolution intéressante. Avec l’évolution des modes de travail_flex-office, télétravail, les attentes des collaborateurs par rapport au bureau sont de plus en plus élevées et sophistiquées, y compris vis-à-vis de ses qualités physiques. Dans le même temps, on observe une augmentation des niveaux de satisfaction, traduisant potentiellement une prise de conscience des sujets de QVT de la part des entreprises. Cela étant dit, même en 2020, il reste encore du chemin à parcourir avant de répondre pleinement aux besoins des salariés.

Evolution de l’alignement entre l’importance accordée aux facteurs environnementaux et aux services de bien-être et santé dans les bureaux et les niveaux de satisfaction associés de 2014 à 2020. (Source: JLL)

Comfortable indoor temperature chart.

Evolution de l’importance accordée au confort thermique dans les bureaux de 2014 à 2020 et des niveaux de satisfaction associés (Source : JLL)

 

3) Des différences notables entre les genres, les générations et les régions:

  • Les femmes accordent une importance similaire aux hommes vis-à-vis des besoins de base comme l’acoustique, la température, la qualité d’air et de la lumière. Toutefois, elles valorisent davantage les facteurs plus expérientiels tels que les vues vers l’extérieur et les espaces verts, et les services pour une bonne hygiène de vie. En revanche, de façon globale, les femmes expriment des niveaux de satisfaction notablement plus bas que les hommes, en particulier vis-à-vis de la température, de la qualité d’air et de la lumière.
  • Les facteurs étudiés sont considérés comme importants quelles que soient les catégories d’âge. Toutefois, les générations les plus jeunes apparaissent comme les plus exigeantes.
  • Des différences s’observent également entre les régions. Le fossé entre les attentes en matière de qualité d’air, d’acoustique et de température est par exemple plus important pour les salariés interrogés travaillant en Europe et au Moyen-Orient.

L’interprétation des différences observées est discutée dans le rapport de l’étude.

Niveaux d’importance vs. Satisfaction : différences entre les hommes et les femmes (Source : JLL)

Ces résultats révèlent des différences réelles d’attentes, de sensibilité et de perception au sein des salariés. L’inclusion étant un véritable enjeu aujourd’hui pour les entreprises, il est d’autant plus essentiel de tenir compte de cette diversité dans les stratégies de conception et d’aménagement des espaces, et dans les offres de service.

4) Une corrélation positive des facteurs environnementaux avec le bien-être et la productivité:

  • L’analyse des données révèle une relation positive entre les facteurs étudiés et la productivité perçue par les salariés, l’acoustique affichant la corrélation la plus forte.
  • Une relation positive est également établie entre l’ensemble des facteurs étudiés et le sentiment de bien-être. L’accès aux vues et aux espaces verts présente la plus forte corrélation.

Corrélation entre les qualités physiques des espaces de bureaux et les services dédiés à la santé avec la productivité et le bien-être (Source : JLL)

En absolu, la corrélation entre les facteurs étudiés et la productivité n’est pas maximale. Ce résultat confirme que la productivité n’est pas déterminée par un unique facteur, mais bien par la combinaison d’une multitude de facteurs. Il en est de même pour le bien-être. Par exemple, les relations entre le salarié avec son management et ses collègues, la qualité des outils informatiques, l’ergonomie du poste de travail etc. ont certainement aussi une influence. 

Cela étant dit, la corrélation positive établie supporte le fait qu’une amélioration du confort et de la santé des occupants, par le biais d’une meilleure qualité de l’environnement de travail combiné à des services, aura un impact réel sur l’expérience et les performances des salariés, et in fine sur les résultats de l’entreprise.

5) Un appel à l’action:

Sur la base des résultats présentés précédemment, JLL met en lumière les facteurs clés sur lesquels les entreprises devraient investir en priorité pour améliorer le bien-être et la performance des salariés et mieux combler leurs attentes. Tandis que l’acoustique et la qualité d’air sont des prérequis, les vues et les espaces verts, la qualité de la lumière et les services pour une bonne hygiène de vie constituent des axes stratégiques.

Priorités absolues et stratégiques pour améliorer la performance et le bien-être des salariés. (source: JLL)

Conclusions 

S’il reste encore de nombreuses incertitudes concernant le retour des salariés au bureau – quand, qui, à quelle fréquence, une chose est sûre : l’environnement de travail est voué à évoluer. Des conditions sanitaires irréprochables, plus de confort et de bien-être, des espaces variés, de nouveaux services, voici les attentes auxquelles les entreprises vont devoir répondre plus que jamais. Ces exigences ne sont toutefois pas apparues du jour au lendemain suite à l’arrivée de la Covid-19. La crise sanitaire n’a fait que mettre en avant une tendance déjà ancrée depuis plusieurs années.

L’étude menée par JLL confirme une réalité que d’autres études pionnières6 avaient commencé à mettre en lumière. En matière d’environnement physique intérieur, les attentes des salariés englobent des besoins de base comme un confort acoustique et thermique maitrisé, une qualité d’air et de la lumière préservée, ainsi que des besoins plus expérientiels comme un accès aux vues et à la nature. Les salariés espèrent aussi voir naitre des services qui les aideront à se sentir mieux et en meilleure santé. Pourtant, toutes ces attentes peinent encore à être pleinement satisfaites, malgré la montée en puissance des réflexions autour de la QVT.

Or un lien direct existe entre ces facteurs et le bien-être et la performance des salariés. En agissant sur la qualité de l’environnement intérieur, couplé à des services de bien-être, non seulement les salariés travailleront mieux, mais ils se sentiront aussi plus valorisés, plus heureux, et plus engagés dans leur travail. Et la performance et l’image des entreprises n’en seront que meilleures.

Au final, en remettant au cœur les besoins des salariés, il s’agit de (re)donner une dimension plus humaine au bureau et faire en sorte qu’il (re)devienne un lieu où il fait bon vivre, à l’instar de ce que nous souhaiterions avoir à la maison. Un pari gagnant à la fois pour l’employé et l’employeur, et la clé pour un retour au bureau pérenne post-Covid.

 

Téléchargez l’étude complète

 


  1.  Health, Wellbeing & Productivity in Offices. The next chapter for green building. World Green Building Council, 2013
  2.  Associations of Cognitive Function Scores with Carbon Dioxide, Ventilation, and Volatile Organic Compound Exposures in Office Workers: A Controlled Exposure Study of Green and Conventional Office Environments, J. Allen et al, 2016
  3.  A psychoacoustical approach to resolving office noise distraction, Oseland & Hodsman, 2018
  4.  Quantitative measurement of productivity loss due to thermal discomfort, L. Lan et al, 2011
  5.  L’adéquation entre les attentes et la satisfaction vis-à-vis d’un indicateur donné est mesurée par le score HX. Un score de 100 est atteint si le niveau de satisfaction est en parfaite adéquation avec les attentes. Le score augmente ou diminue d’un point à chaque point de pourcentage d’écart entre le score moyen d’importance et le score moyen de satisfaction. 
  6.  The Next 250k, Leesman, 2018