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Aménagement des espaces de bureaux post-Covid : quelles implications sur le confort visuel ?

Covid workplace

La covid-19 n’est pas prête de disparaître¹ et nous allons devoir adapter en conséquence nos modes et nos espaces de vie. Dans le secteur tertiaire, de nombreuses entreprises sont amenées à repenser leurs bureaux, en vue de garantir un retour de leurs collaborateurs en toute sécurité et sérénité. De nouvelles façons d’aménager les espaces de travail voient alors le jour, avec comme objectif premier de limiter les risques sanitaires. Toutefois ces aménagements peuvent avoir des implications importantes sur d’autres aspects liés au bien-être et à l’expérience des occupants, et venir dans certains cas contrebalancer les objectifs initiaux recherchés en terme de confort et de performance. C’est notamment le cas du confort visuel, qui peut être fortement impacté par l’agencement des bureaux.  

Le retour au cloisonnement pour limiter les risques infectieux

En faisant des recherches sur l’impact de la crise sanitaire sur la transformation des espaces de bureaux, je suis tombée sur un livre blanc publié par Steelcase² décrivant de nouvelles propositions d’aménagement et de mobilier de bureau visant à contrôler et prévenir les risques de transmission de maladies. Comment cela s’illustre-t-il ? Notamment par l’inclusion d’éléments de séparation pouvant prendre différentes formes : écrans de protection, cloisons ou autres barrières, et placées « devant, à côté, et derrière les personnes » dans le cas de bureaux accolés, et/ou entre différentes zones d’un open-space. Pour davantage réduire les expositions entre les personnes, augmenter la hauteur et la largeur des séparations fait aussi partie des recommandations. Ces agencements sont préconisés en particulier dans le cadre d’une réhabilitation à court terme des espaces, et lorsque la distanciation physique entre travailleurs ne peut être assurée.

 

Exemple d’aménagement et de mobilier de bureau « post-Covid » (source : Steelcase)

 

La gestion des flux de personnes fait également partie des stratégies conseillées pour limiter le risque de croisement et de contacts entre salariés. Dans cette optique, des cloisons peuvent être envisagées pour délimiter les axes de circulation en plus ou à défaut d’un marquage au sol.

Implications sur l’apport en lumière naturelle et l’ambiance lumineuse 

Si les solutions d’aménagement de bureau décrites plus haut sont pertinentes pour contribuer à limiter les risques infectieux, elles ont une incidence sur les apports de lumière naturelle dans les espaces de travail.

Les images ci-dessous montrent par exemple l’impact de l’intégration de partitions intérieures sur la diminution des niveaux de lumière naturelle reçus sur les postes de travail ainsi que sur l’ambiance lumineuse perçue. L’autonomie lumineuse spatiale passe de 75% à 25%, et l’espace parait moins lumineux et spacieux, altérant sensiblement l’expérience visuelle :

Espace de bureaux sans partition

Espace de bureaux avec partition - Source: http://patternguide.advancedbuildings.net/

 

Implications sur les vues vers l'extérieur

De façon similaire, l’aménagement des bureaux a un impact significatif sur l’accès aux vues depuis les différents postes de travail. L’intégration de cloisons opaques, selon leur hauteur, peut couper les lignes de vision, considérées comme un critère essentiel pour la qualité des vues dans les standards LEED ou DGNB. Plus les divisions seront hautes, plus l’impact sera important et plus le sentiment de connexion avec l’extérieur sera réduit, comme illustré sur l’image précédente.   

Si le cloisonnement venait prochainement à (re)devenir une norme dans nos espaces de bureaux, des partitions vitrées pourraient améliorer quelque peu l’expérience visuelle, mais avec certainement d’autres implications sur le plan acoustique.  Dans tous les cas, il sera d’autant plus important de maximiser la taille des ouvertures pour garantir un maximum de lumière naturelle et d’accès aux vues aux occupants. Une gestion optimisée des apports de chaleur et des risques d’éblouissement sera alors incontournable.

 

Conclusions

La crise sanitaire nous a offert l’opportunité de repenser nos espaces de vie et de travail pour les rendre plus « humains ». Or le bien-être d’une personne est le fruit de multiples facteurs physiologiques et psychologiques, comprenant le sentiment de sécurité, l’expérience visuelle et acoustique, le confort thermique, en plus des facteurs personnels et sociaux. Certains salariés se sentiront bien à travailler dans un environnement de travail cloisonné, la sécurité sanitaire primant avant tout, tandis que d’autres n’apprécieront jamais pleinement travailler dans ce type d’espace faute de lumière naturelle suffisante et de connexion vers l’extérieur.

Comment satisfaire alors l’ensemble des collaborateurs en leur proposant des environnements de bureau à la fois plus sûrs, plus sains, plus confortables, plus propices à la créativité et à la performance ? Il s’agit d’un défi de taille que doivent plus que jamais relever les concepteurs et les entreprises, et auquel je n’ai pas la prétention d’apporter une réponse ici.  Je tenais simplement à rappeler que miser toute la conception du bâtiment ou d’un espace sur un aspect en particulier fonctionnera peut-être à court terme, mais aura des effets délétères à moyen-long terme. Nous devons garder en tête l’être humain dans toute sa complexité et l’intégrer dans une approche holistique si nous souhaitons véritablement transformer nos bâtiments et les mettre au service de l’homme. 

 


Sources:

  1. https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/pourquoi-le-coronavirus-pourrait-ne-jamais-disparaitre-1232233
  2. Prochaines étapes : l’espace de travail post-COVID, Steelcase, 2020